L’Organisation mondiale de la santé a indiqué que les capacités de produire un vaccin efficace qui permettrait d’endiguer une possible pandémie sont largement insuffisante. L’industrie pharmaceutique serait en mesure de produire “seulement” 2,5 milliards de doses de vaccin en un an. Il faudrait donc quatre ans pour vacciner la population mondiale. Il est probable que nous ne soyons pas capables de mener à bien de front un vaccin pandémique et un vaccin contre la prochaine épidémie saisonnière humaine.
La Mairie de Mexico a voulu lancer vendredi une campagne massive de vaccination contre la grippe porcine. avec le vaccin de la grippe saisonnière. Une partie du virus H1N1 est en effet contenue dans le vaccin humain contre la grippe saisonnière. Mais compte tenu de la distance antigénique entre les virus porcins et humains, une protection croisée semble très improbable. Le Comité français de préparation prépandémique n'a pas recommandé cette stratégie vaccinale.
Le Tamiflu et le Relenza seront-t-il efficaces ?
Tamiflu est un médicament antiviral éprouvé pour traiter et prévenir la grippe saisonnière. Toutefois, Tamiflu a été étudié et développé sur des souches de grippe différentes et le virus actuel de la grippe porcine de la souche A/H1N1 s’avère constitué pour la première fois, de souches aviaire, porcine et humaine. L’ampleur de l’effet du Tamiflu dans le traitement et la prévention de nouvelles souches de la grippe n’est donc pas assurée.
Si Tamiflu joue un double rôle de prévention et de traitement, son efficacité sur le virus actuel n’est pas garantie, ni son impact sur les conséquences possibles comme le nombre d’hospitalisations, la mortalité, ou même les conséquences économiques d’une telle pandémie de grippe.
Prévention, par prophylaxie visant à réduire la probabilité de développer la grippe, traitement « d’amortissement » des effets de la maladie permettant d’en réduire sa durée ou traitement tout court, la communauté internationale attend aujourd’hui ces trois effets du traitement par Tamiflu. Le Tamiflu) (Oseltamivir) permet de réduire la durée des symptômes et est susceptible de réduire l’incidence des complications tout en proposant un mode d’administration très simple. Si la recherche a démontré l’efficacité des antiviraux à titre de prévention, ces médicaments doivent être administrés dans les 48 heures suivant l’apparition des symptômes.
Un point en cours de l’OMS étudie la prévalence de la résistance du virus H1N1 à l’Oseltavimir. Au 18 mars 2009, du 28 décembre au 24 janvier, 30 pays ont rapporté une résistance à l’Oseltavimir pour 1291 sur 1362 virus A/H1N1 étudiés. La prévalence de cette résistance était la plus élevée au Canada, à Hong Kong, au Japon en Corée et aux Etats-Unis (237 virus sur 241 étudiés). Ce rapport doit être réactualisé régulièrement. Néanmoins, dans son communiqué du 24 avril, l’OMS confirme que le virus à ce stade d’identification est sensible à l’Oseltamivir.
Les centres de contrôle des maladies (CDC) ont, depuis la pandémie de 1976 rédigé des directives sur les stratégies d’utilisation des antiviraux. En France, le site du Ministère propose ainsi l’accès au Plan national de prévention et de lutte « Pandémie grippale ». La constitution d’un stock de vaccins pour chaque pays et en particulier les pays les plus vulnérables à la pandémie, du fait de l’état d’impréparation et de la faiblesse des infrastructures et des budgets de la santé, est logique pourtant le virus peut encore subir des modifications géniques qui peuvent rendre le vaccin actuel moins efficace, par rapport à l’efficacité qu’il a montré sur les souches qui circulaient lors de sa fabrication. Ainsi, le Mexique disposerait de suffisamment de Tamiflu pour traiter un million de personnes, selon les responsables sanitaires.
Les effets secondaires doivent également être pris en compte sur une si large échelle. Le Tamiflu, généralement bien toléré, peut ainsi dans certains cas provoquer des réactions allergiques.
La mise en quarantaine est-elle efficace ?
C'est une stratégie qui avait été tentée par l'Australie en 1918 pendant l'épidémie de grippe espagnole qui a fait 20 millions de morts. Mais fermer un continent aussi vaste est impossible. Et l'on sait en matière d'épidémies que les contrôles à la sortie des pays contaminés sont beaucoup plus efficaces que les mesures à l'entrée des pays indemnes. Mais les autorités australiennes avaient gagné une denrée inestimable : du temps. «Retarder d'une à trois semaines la survenue d'une pandémie de grippe sur son territoire, c'est énorme, précise au Figaro Jean-Claude Manuguerra (Institut Pasteur, Paris). Cela permet de mieux se préparer, et surtout d'étaler le pic de l'épidémie, elle est déjà moins forte quand elle surgit.» Mais il est déjà trop tard pour empêcher le virus mexicain de faire le tour du monde : Israël, l'Espagne, la France et le Royaume-Uni ont des cas suspects…