Son profil génétique est complexe et son origine demeure mystérieuse.
Les experts s’accordent à dire que ce nouveau virus grippal se transmet très facilement. Comme il ne l’a jamais rencontré, notre système immunitaire ne dispose pas de ligne de défense spécifique (des anticorps ciblés) pour le combattre.
Pour l’instant il semble moins pathogène que celui de la grippe espagnole de 1918, par exemple. Cependant beaucoup d’informations manquent encore pour établir vraiment les caractéristiques et la dangerosité du syndrome grippal provoqué par ce virus porcin H1N1.
Une mosaïque génétique inédite
Séquencé très rapidement par les équipes des CDC (Centers for Diseases Control, organisme public et fédéral) aux États-Unis, le virus isolé sur des patients au Mexique et aux États-Unis est une curieuse recombinaison génétique. Il contient un assortiment de 3 souches, à la fois porcine, humaine et aviaire, observé pour la première fois aux États-Unis en 1998 lors d’épizooties de grippe dans des élevages de porcs. Ce triple assortiment est lui-même associé à deux nouveaux gènes issus du virus porcin H3N2 originaire d’Eurasie. Pour compliquer un peu plus le tableau, ces gènes sont eux-mêmes d’origine humaine.
Où s’est réalisé ce mélange ? Les virologues ne peuvent pas encore répondre à cette question. Selon Ruben Donis, responsable du département vaccins et virologie moléculaire aux CDC, cette recombinaison ne s’est pas forcément faite au Mexique. Les hémagglutinines de cette souche virale (des protéines de surface, voir Repères) appartiennent à une branche très isolée dont on ne sait pas grand-chose, a confié ce virologue à la revue Science.
Un virus non isolé chez les animaux
Comment ce virus H1N1 est-il passé à l’être humain? La question est d’autant plus complexe qu’aucun foyer épidémique n’a été signalé au Mexique ou aux États-Unis chez les cochons ces derniers temps, alors que dans le cas du virus aviaire H5N1 le premier passage à l’homme était lié à une épizootie chez les volailles. «A ce jour, le virus n’a pas été isolé chez les animaux», rappelle l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE).
Le premier cas confirmé d’infection par le H1N1 porcin est un enfant vivant à La Gloria, dans la province de Veracruz. A moins de dix kilomètres se trouve l’un des plus gros élevages de porcs du Mexique, appartenant à l’entreprise Granjas Carroll (détenue à 50% par la firme américaine Smithfield Foods). Elle est donc suspectée d’être la source possible de la contamination. Cependant Granjas Carroll dément toute épizootie de grippe dans son cheptel et affirme faire des contrôles réguliers. Des échantillons ont été fournis aux autorités mexicaines pour de nouvelles analyses.
Rappelons qu’à ce stade, l’OMS recense 148 cas confirmés (par des analyses) de grippe due au H1N1 d’origine porcine, dont 91 cas aux États-Unis et 26 au Mexique. Huit décès sont officiellement décomptés par l’OMS, 7 au Mexique (pour plus de 150 décès suspects) et un aux États-Unis (il s’agissait d’un bébé mexicain venu au Texas pour être soigné). Les autres cas ont été confirmés en Autriche, au Canada, en Allemagne, en Israël, en Nouvelle-Zélande, en Espagne et en Grande-Bretagne.
Repères : H et N
La dénomination des virus grippaux est liée à deux protéines situées sur l’enveloppe du virus : l’hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N). Elles jouent un rôle essentiel dans la capacité du virus grippal à infecter les cellules. Leur identification précise (ainsi que la séquence de leurs gènes) est un élément clef de la caractérisation d’un virus grippal.