Elle a invité les autorités sanitaires de tous les pays à suivre de près toute forme inhabituelle de maladie et toute augmentation des cas de grippe grave ou de pneumonie."Il s'agit à l'évidence d'une souche animale du virus H1N1 et cela a un potentiel pandémique parce que cela infecte les gens. Cependant, nous ne pouvons pas dire sur la base des éléments actuellement disponibles de laboratoire, épidémiologiques et cliniques, si oui ou non cela causera effectivement une pandémie", a dit Chan.
L'OMS rappelle depuis plusieurs années qu'une nouvelle souche de virus pourrait déclencher une pandémie de grippe susceptible de tuer des millions de personnes dans le monde entier.
La nouvelle souche du H1N1, qui réunit des éléments des virus porcin, humain et aviaire, a fait jusqu'ici jusqu'à 68 morts, dont 20 décès confirmés, parmi les 1.004 cas présumés signalés au Mexique. Huit cas non mortels ont été recensés aux Etats-Unis.
Cette souche est encore mal connue et la situation évolue rapidement, a dit Chan lors d'une téléconférence.
Aucun cas similaire n'a été signalé ailleurs dans le monde, mais "il serait prudent de la part des autorités sanitaires des différents pays d'être vigilantes face aux cas de grippe ou de pneumonie, en particulier s'ils apparaissent en dehors de la période habituelle de pic de la grippe", a dit Chan, ancienne directrice de la Santé à Hong Kong.
Les autorités sanitaires doivent aussi être alertées face à une forte incidence de cas graves ou mortels de grippe dans des groupes autres que les jeunes enfants et les vieillards, tranches d'âge les plus exposées aux épidémies saisonnières de grippe ordinaire.
La plupart des personnes décédées au Mexique étaient âgées de 25 à 45 ans. Des exports de l'OMS ont apporté leur aide aux autorités sanitaires mexicaines. L'OMS tient des antiviraux à la disposition du Mexique, mais les autorités disposent de quantités importantes de Tamiflu, dont le nom générique est oseltamivir, médicament fabriqué par le laboratoire suisse Roche et qui, selon l'OMS, est efficace contre le nouveau virus."Les virus de la grippe sont notoirement imprévisibles et pleins de surprise, ainsi que nous l'observons actuellement", a dit Chan.
"Il nous faut savoir comment le virus se propage, quel est son processus de transmission et si oui ou non il causera une maladie grave, et dans quel groupe d'âge", a-t-elle souligné.Une commission de 15 experts devait se réunir samedi après-midi pour formuler des recommandations sur toute "mesure temporaire" à prendre et sur un possible relèvement du niveau d'alerte à la pandémie, qui se situe actuellement à trois sur une échelle qui va de un à six.
Dans l'attente d'une analyse plus approfondie des cas et d'autres données cliniques, il est "prématuré à ce stade" pour l'OMS de formuler des recommandations sur les voyages, a dit Chan.
"Nous n'avons pas encore de tableau complet de l'épidémiologie ou du risque, notamment de sa possible propagation au-delà des zones actuellement affectées", a-t-elle noté. "Cependant, l'avis de l'OMS est qu'il s'agit d'une situation sérieuse". Il est aussi trop tôt pour demander aux laboratoires pharmaceutiques de passer de la production traditionnelle de vaccins contre la grippe saisonnière à celle d'un nouveau vaccin dérivé du nouveau virus.