jeudi 30 avril 2009

Après une semaine de grippe porcine, le Mexique espère un peu de répit


Une semaine après le déclenchement de l'alerte à la grippe porcine, la chute des hospitalisations à Mexico a entrouvert jeudi l'espoir d'un léger répit au Mexique, foyer du virus qui place le monde au bord d'une pandémie.

Seuls dix-huit patients présentant des symptômes suspects ont été admis mercredi dans un hôpital de la capitale mexicaine, un chiffre moitié moins élevé que la veille, s'est réjoui Marcelo Ebrard, le maire de cette mégalopole de 20 millions d'habitants. "Les chiffres nous disent que nous allons vers une étape de stabilisation", a assuré l'élu, tout en exhortant la population à ne pas faire preuve d'un "excès de confiance". "Nous n'allons pas en finir cette semaine avec le virus. Nous allons devoir vivre encore avec lui pendant un certain temps", a-t-il averti, à l'occasion de sa désormais traditionnelle conférence de presse matinale.

Au Mexique, le bilan de la grippe porcine s'établit à huit morts confirmées et 84 décès suspects. Au total, 99 personnes ont été contaminées de manière certaine par le virus et plus de 1.600 pourraient l'avoir été.

Lassés d'une semaine de psychose et de vie en vase clos, beaucoup de Mexicains ont décidé jeudi matin d'ignorer l'appel à "rester dans son foyer en famille", lancé par leur président Felipe Calderon, dans une solennelle allocution télévisée au cours de la soirée de mercredi. La circulation automobile a aussi commencé à reprendre ses droits dans les grandes artères de Mexico, où les embouteillages infernaux ont refait leur réapparition pendant cette période fériée, souvent synonyme de bol d'air à la plage.

"Cette histoire de pas bouger de chez soi, c'est une absurdité. On a besoin de sortir et de travailler. Je n'arrive plus à gagner ma vie depuis une semaine", se plaint à l'AFP Raul Campos, un cireur de chaussures.

Malgré l'impact sur l'économie du pays, le gouvernement mexicain a maintenu au moins jusqu'à mercredi toutes les mesures de précaution : fermeture des établissements scolaires, des lieux de restauration et de loisirs et des principaux sites touristiques. Le chef de l'Etat a exhorté la population à profiter du 1er mai pour faire un grand "pont" et respecter les consignes de sécurité.

Au cours de ses rondes, Marco Antonio Anaya, un policier de 36 ans, tient à rappeler le message. "Je recommande aux gens de continuer à porter un masque et à ne pas se regrouper", dit-il à l'AFP.

Critiqué par l'opposition pour avoir tardé déclencher l'alerte, M. Calderon a insisté sur le fait que la grippe était "curable" et que le pays disposait de stocks suffisants de médicaments. Mais les autorités n'ont pas caché que le coup serait très rude pour l'économie. Le ministre mexicain des Finances, Agustin Carstens, a prévenu que l'épidémie de grippe porcine risquait de se solder par la baisse d'un demi-point du produit intérieur brut, soit une perte de 70 milliards de dollars. La désaffection des hôtels et des activités touristiques, troisième source de devises, met en danger près de 450.000 emplois et représente pour Mexico un manque à gagner quotidien de 100 millions de dollars.

Ce choc s'ajoute aux prévisions pessimistes de la Banque centrale du Mexique, qui vient de publier un rapport établi avant la crise sanitaire, misant sur un recul pouvant aller jusqu'à 4,8% du PIB cette année.

A l'aéroport de Mexico, les touristes étrangers ont poursuivi leur exode, faute de pouvoir visiter les prestigieuses ruines aztèques ou mayas, ou de crainte de rester bloqués, de nombreuses compagnies aériennes ayant suspendu les liaisons avec le pays. "Nous sommes arrivés du Pérou la nuit dernière, pour passer 10 jours au Mexique, mais nous repartons aussi vite que possible", explique Aude Tersac, une Française de 36 ans.