Lundi soir, après une réunion qui s'est prolongée très tard dans la nuit, les quinze experts du comité d'urgence du règlement sanitaire international de l'OMS ont décidé de passer du niveau 3 au niveau 4 d'alerte pandémique, sur une échelle de 1 à 6. C'est la première fois depuis les menaces du H5N1 et de la grippe aviaire que l'OMS monte à ce niveau.
Tout va très vite. Dès mardi après-midi, un porte-parole de l'OMS évoquait la possibilité que l'alerte puisse être encore relevée et passer au niveau 5 si de nouveaux cas étaient avérés aux États-Unis. En effet, on aurait alors affaire à un deuxième foyer. Cette mesure a finalement été écartée en milieu d'après-midi. Mais, en fin de journée, on apprenait qu'un cas venait d'être confirmé dans un sixième État américain, l'Indiana. Ce patient ne revenait pas du Mexique, contrairement aux autres malades, ce qui pourrait marquer l'existence d'un deuxième foyer aux États-Unis.
Éviter la cacophonie
Keiji Fukuda, directeur général adjoint de l'OMS, a reconnu que «la situation (était) très sérieuse». Il a tenu à bien différencier la contamination de voyageurs ayant séjourné au Mexique et celle qui sévit aux États-Unis. «Même si le virus a atteint la Nouvelle-Zélande ou le Royaume-Uni, cela ne veut pas dire qu'il s'est établi dans la population, dans le pays. C'est une distinction importante du point de vue épidémiologique», a-t-il souligné.
Le rôle de l'OMS dans la gestion des épidémies s'est considérablement renforcé depuis l'entrée en vigueur l'an dernier du règlement sanitaire international (RSI). Les États sont désormais tenus de coopérer avec l'OMS dans un délai de 24 heures en cas d'alerte épidémique.
L'échelle des phases d'alerte pandémique mise en place en 2005 dans le cadre du plan mondial de préparation à une pandémie de grippe donne le signal aux 196 États membres afin qu'ils puissent prendre tout un train de mesures nationales adaptées à l'évolution de la situation épidémique. C'est ainsi qu'hier, par exemple, les autorités françaises ont déconseillé les voyages au Mexique tandis que, la veille, quand on était encore au niveau 3, la ministre de la Santé ne l'avait pas jugé nécessaire.
La centralisation des informations assurée par l'OMS, la gestion des phases d'alertes ainsi que l'envoi d'experts sur le terrain sont un atout précieux pour gagner du temps contre le virus. «C'est très important aussi d'éviter la cacophonie. Les responsables politiques ont besoin d'un chef d'orchestre pour coordonner les actions et ne pas créer la panique», souligne Antoine Flahault, épidémiologiste.