mardi 28 avril 2009

L'OMS élève le niveau à 4 devant l'extension de la grippe au niveau mondial

Les gouvernements du monde entier se sont employés à réduire l'impact de l'épidémie de grippe porcine qui aurait causé la mort de 152 personnes jusqu'ici au Mexique avant de s'étendre aux Etats-Unis et au Canada puis d'atteindre l'Europe.

Aucun décès n'a été annoncé hors du Mexique
, où le ministre de la Santé José Angel Cordova a évoqué, dans dix des 31 Etats du pays, un nombre de personnes contaminées supérieur à 1.600. L'ensemble des établissements scolaires du pays resteront fermés jusqu'à nouvel ordre.

Mais le fait que le virus de cette grippe d'un nouveau type se propage rapidement entre humains fait craindre une pandémie. L'OMS a annoncé lundi en fin de soirée qu'elle relevait au niveau 4 son degré d'alerte pandémique, qui était jusque-là au niveau 3, face à la propagation de la grippe porcine.

L'organisation onusienne ne se veut pas alarmiste et n'a pas choisi de décréter l'état de pandémie, qui n'intervient qu'au niveau 6, le plus élevé de son échelle de graduation. "Une pandémie n'est pas jugée inévitable à ce stade", a souligné Keiji Fukuda, directeur général adjoint de l'OMS, parlant d'une situation indécise et évolutive. L'OMS, d'autre part, recommande aux Etats de ne pas fermer leurs frontières et de ne pas restreindre les voyages du fait de l'épidémie en cours.

En Europe, après l'Espagne qui avait la première annoncé un cas de grippe porcine chez un homme revenant du Mexique, la Grande-Bretagne a fait état lundi soir de deux cas confirmés. Les deux malades, placés en quarantaine, sont soignés dans un hôpital à Airdrie, près de Glasgow en Ecosse. "Les deux personnes contaminées vont mieux et se remettent correctement", a déclaré le secrétaire écossais à la Santé, Nicolas Sturgeon.

Aux Etats-Unis, où une quarantaine de cas bénins ont été officiellement confirmés, un état d'urgence sanitaire a été déclaré et le président Barack Obama a dit que son gouvernement suivait l'évolution de très près, tout en ajoutant qu'il n'y avait pas lieu de s'affoler. Le maire de New York, Michael Bloomberg, évoque de son côté environ 45 cas pour sa seule ville et précise qu'une centaine d'étudiants présentant les symptômes de la maladie doivent subir des tests. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a dit que Washington prenait la question "très au sérieux" et a recommandé la prudence aux personnes qui se rendent au Mexique.

DEUX TIERS DES MALADES DÉJÀ RÉTABLIS AU MEXIQUE

L'état des personnes contaminées en Europe n'est cependant pas jugé grave. Ce qui vaut également pour les cas enregistrés aux Etats-Unis et six autres annoncés au Canada. Un enseignant néo-zélandais et une dizaine d'élèves rentrés récemment du Mexique sont aussi soignés pour des cas bénins. Au Mexique, environ deux tiers des personnes ayant contracté cette grippe sont d'ores et déjà rétablies.

En France, les autorités sanitaires examinaient lundi quatre personnes qui pourraient avoir été contaminées par le virus après avoir écarté six cas suspects signalés depuis ce week-end.

"Il reste quatre cas qui n'ont pas été exclus, à Pau, à Nantes, à Lyon et à Poitiers", a fait savoir l'Institut national de veille sanitaire. Le gouvernement français continue d'inviter les voyageurs à la prudence.

Des cas de cette grippe porcine - qui relève à la fois des virus des grippes aviaire, humaine et porcine classique - sont également soupçonnés en Italie et en Israël.

MEXICO, VILLE MORTE

L'épidémie a poussé des millions de personnes à rester chez elles pendant le week-end. Mexico, mégapole bouillonnante de 20 millions d'habitants, avait des allures de ville morte. Les rassemblements publics y ont été suspendus, les écoles, musées et bars fermés. Ces mesures pourraient se prolonger pendant dix jours, a indiqué le maire de Mexico, Marcelo Ebard.

La commissaire européenne à la Santé, Androulla Vassilliou, a engagé les ressortissants de l'UE à éviter les déplacements non indispensables dans les zones affectées par le virus, et la Commission européenne a convoqué une réunion extraordinaire des ministres de la Santé du bloc.

La souche qui sévit actuellement présente le plus grand risque d'une pandémie grippale depuis la mort de plusieurs centaines de personnes des suites de la grippe aviaire en 1997. En 1968, la pandémie de la grippe dite de Hong Kong avait tué un million de personnes dans le monde.

La propagation de la maladie a provoqué une chute du cours boursier des compagnies aériennes, par crainte d'un fort ralentissement du tourisme, et une hausse de celui des grands groupes pharmaceutiques.

Le gouvernement japonais a tenu une réunion spéciale sur le sujet, en se donnant pour priorité la production d'un nouveau vaccin. La Chine et la Russie ont interdit les importations de cochons vivants et de viande de porc en provenance du Mexique et des Etats-Unis.

En France, des mesures spécifiques d'information ont été mises en place dans les aéroports notamment. Le ministère de la Santé français estime que le pays est particulièrement bien équipé pour faire face à une éventuelle épidémie. La ministre Roselyne Bachelot a fait état d'un stock de 33 millions de traitements antiviraux Relenza et Tamiflu, qui sont a priori adaptés à ce virus.