mardi 5 janvier 2010
Vaccins contre la grippe H1N1 : Le ministère de la Santé vire sa cuti
La ministre de la Santé Roselyne Bachelot, en proie à de violentes critiques sur sa gestion de la pandémie grippale, a brutalement changé son fusil d'épaule, en négociant l'annulation de la moitié des commandes de vaccins et en autorisant les généralistes à vacciner à leur cabinet.
"La gestion d'une grippe est une gestion évolutive, parce que les conditions changent", a dit la ministre mardi sur RTL. Elle a par ailleurs déclaré qu'elle accepterait une commission d'enquête parlementaire, comme l'a demandé le porte-parole du PS Benoît Hamon. Mme Bachelot a d'abord annoncé lundi soir sur TF1 avoir résilié les commandes de 50 millions de doses de vaccin contre la grippe H1N1, sur les 94 millions de doses commandées à quatre laboratoires, soit "une économie de plus de la moitié" du total engagé. "Ces commandes n'avaient été ni livrées ni payées, elles sont donc résiliées", a-t-elle déclaré. La ministre a été plus précise mardi, indiquant qu'une commande de 9 millions de doses passée au laboratoire Sanofi-Pasteur a été "purement et simplement résiliée sans aucune indemnité". Pour le reste, des discussions sont en cours. "Nous allons discuter très fermement et nous avons un certain nombre d'arguments à faire valoir", a dit Mme Bachelot, citant le fait qu'une seule dose de vaccin est désormais nécessaire. Au moment où les commandes ont été passées, l'été dernier, le gouvernement tablait sur deux injections, avec l'objectif de vacciner toute personne qui le souhaiterait. La revente de doses de vaccin en excédent a alimenté ces derniers jours le feu des critiques, principalement à gauche, où on dénonce une "gabegie" financière au profit "des laboratoires pharmaceutiques".
La ministre a également revu sa stratégie en matière de vaccination, autorisant les médecins libéraux à vacciner à leur cabinet, alors qu'elle avait jusque là résisté fermement aux pressions répétées dans ce sens. Le président du Mouvement Démocrate (MoDem) François Bayrou a estimé lundi que le gouvernement avait commis "une faute stratégique très lourde" en ne faisant pas appel aux généralistes. La ministre a expliqué que les médecins libéraux pourraient vacciner contre la grippe H1N1 dans leur cabinet "à partir de la semaine prochaine, parce que la donne logistique a changé". En l'occurrence, 5 millions de vaccins unidoses ont été reçus, et "nous avons un vrai stock de vaccins", a-t-elle précisé. Le principal syndicat de médecins libéraux, la CSMF, s'est dit satisfait de cette ouverture, mais l'a jugée trop tardive. "La détérioration de la confiance dans la vaccination est telle qu'il faut se demander s'il n'est pas déjà trop tard", a-t-il dit, fustigeant "une campagne de communication désastreuse", le "désordre des centres collectifs de vaccination" et "les volte-face" de la ministre. La revendication de la CSMF de faire participer les médecins libéraux à la campagne de vaccination était partagée par le principal syndicat de généralistes, MG France, mais rejetée par d'autres. Mme Bachelot a précisé que les généralistes seraient payés pour vacciner. "Nous sommes en train de finaliser les négociations avec eux", a-t-elle dit. Elle a invité les personnes qui souhaitent se faire vacciner chez leur généraliste à attendre d'avoir reçu leur bon de vaccination envoyé par l'assurance maladie. Ce bon "sert de fiche de traçabilité", a-t-elle précisé. En revanche, on peut toujours se faire vacciner sans bon dans les centres de vaccination, celui-ci pouvant être émis sur place. Cinq millions de personnes ont été vaccinées.