mercredi 13 janvier 2010

Les médecins généralistes n'ont pas été informés des nouvelles conditions de la vaccination contre la grippe A (H1N1)

La vaccination anti H1N1 a, en théorie, débuté hier, chez les généralistes.

Aucune information officielle en provenance du ministère de la santé, ou des préfectures ou des centres de sécurité sociale. C'est donc par les médias que les généralistes ont appris cette nouvelle stratégie. Réclamée depuis des mois, cette solution mériterait des explications aux intéressés. Les vaccins ne sont pas encore en pharmacie. Et la démarche administrative a de quoi rebuter des généralistes.

Pourquoi tant de ratés alors qu'on avait des semaines pour se préparer à cette éventualité ? L'inquiétude est d'autant plus grande que les autorités semblent satisfaites de ces résultats, estimant qu'il s'agit d'une bonne répétition pour une crise de grande ampleur !!

Ci-dessous un entretien avec le Docteur Marc Barrière (photo ci-dessus), président du Groupe régional d'observation de la grippe et élu à l'Union des médecins libéraux de Basse-Normandie, qui regrette que les généralistes n'aient pas été associés à la campagne de vaccination contre la grippe A dès le mois de novembre.

Les médecins généralistes peuvent vacciner les patients contre la grippe A...

Oui, mais il s'agit d'un effet d'annonce car les cabinets médicaux n'ont pas reçu de courriers officiels des ministères de la Santé et de l'Intérieur. Les médecins généralistes ont appris par voie de presse qu'ils pourraient vacciner leurs patients. Il faudrait qu'ils soient une dizaine pour que je puisse les vacciner dans de bonnes conditions.

En théorie, comment doit se mettre en place la vaccination chez le médecin ?

Pour l'instant, les vaccins contre la grippe A ne sont pas disponibles dans les officines. Habituellement, un patient va chercher son vaccin à la pharmacie la plus proche, puis se rend chez son généraliste. Lequel, après examens clinique et médical, estime s'il peut, oui ou non, le vacciner ce jour-là. Au niveau administratif, la démarche s'arrêtait là. Or, à la date d'aujourd'hui, on propose au médecin généraliste d'aller au centre de vaccination, muni d'un sac isotherme ou d'une glacière pour se faire délivrer, sur ordonnance, un lot unitaire de vaccins avec adjuvant, des flacons pour dix vaccins sans adjuvant, et le matériel qui servirait à l'injection. Cette lourdeur administrative encore en vigueur pose problème. Nous demandons qu'elle soit simplifiée et que le patient arrive au cabinet médical avec une dose unitaire.

Le centre de vaccination d'Alençon est-il toujours ouvert ?

Il l'est tous les jours de 17 h à 21 h. Les horaires devraient changer puisqu'on dénombre entre 4 et 20 personnes par jour. La météo a joué mais pas seulement. J'étais de garde le 31 décembre : on a vacciné vingt personnes alors que les rues étaient noires de monde. La population est, a priori, pas intéressée par la vaccination antigrippale, peut-être n'en a-t-elle pas encore bien compris les enjeux.

Est-ce que l'intérêt de la population pour la vaccination contre la grippe A varie en fonction de sa médiatisation ?

On a constaté des fluctuations médiatiques et des revirements spectaculaires des positions du gouvernement, du corps médical et de la population. Il est vrai que de ne pas avoir, d'entrée de jeu, associer à cette campagne de vaccination les médecins généralistes qui sont des spécialistes en ce domaine, a été une erreur. Je rappelle qu'en novembre les médecins généralistes ont vacciné six millions de personnes contre la grippe saisonnière. Je vous laisse faire le lien avec l'annonce de 5 millions de gens vaccinés contre la grippe A, en deux mois, et dans tous les centres répartis sur le territoire...

Les gens ont a priori confiance en leur médecin. Pensez-vous qu'ils seront plus prompts à se faire vacciner par lui ?

Depuis que la vaccination a lieu dans les centres, j'ai l'habitude de dire que je passe vingt minutes par quart d'heure à expliquer à mes patients le bien fondé de cette vaccination. Ils sont déçus de savoir que ce n'est pas moi qui vais les vacciner. Les médecins ont envoyé beaucoup de leurs patients dans les centres. Quelque chose a été mal expliqué : le médecin pratique une médecine individuelle. Là, il s'agit d'une médecine de santé publique et d'un enjeu collectif compris par tous les médecins.