mardi 5 janvier 2010

Les soldes ont débuté

Depuis le 21 décembre dernier, l’Etat tente discrètement d’écouler ses stocks d’antiviraux contre la grippe en les faisant distribuer gratuitement par les pharmaciens. Une initiative qui ne fait pas l’unanimité.
« Toutes les officines ont reçu un stock de Tamiflu et de masques, variant en fonction de leur chiffre d’affaires. Nous tenons par conséquent à disposition des patients des kits comprenant un masque et une boîte de Tamiflu, à condition d’avoir une ordonnance qui les prescrivent », confirmait Jean Parrot, ancien président de l’ordre national des pharmaciens, et lui-même apothicaire à Bellegarde (Centre). Mais ces kits ne rencontrent pas vraiment de succès. « Pour le moment, aucun patient ne m’en a réclamé ! », s’exclame Jean Parrot.

La France possède le tiers des réserves mondiales de Tamiflu
D’où viennent ces mystérieuses boîtes, distribuées gratuitement aux officines ? « Ce sont les stocks que le ministère de la Santé avait mis de côté, par crainte de la pandémie. Maintenant que le pire est passé, il faut écouler ces boîtes… », selon Jean Parrot. Et des boîtes, il y en a pléthore. Un tiers des stocks mondiaux, soit près de 24 millions selon le ministère de la Santé, qui nous précise cependant « que ces commandes ont commencé en 2005 ». Problème : ces premiers lots achetés expirent à la mi-2011. Un empressement à les remettre en circuit donc, qui est loin d’être du goût des pharmaciens. Eux seront indemnisés à hauteur d’1,20 euro par l’assurance maladie pour chaque kit distribué à un patient. « Cette somme est une injure à la profession et ne couvre en rien la somme de travail que représentent la réception, le rangement, la gestion de ces stocks dans nos officines. Sans compter que nous n’allons probablement pas toucher ces indemnisations puisqu’aucun médecin ne prescrit cet antiviral. Depuis le 21 décembre, j’ai reçu une quarantaine de boîtes, et à ce jour, je n’en ai distribué aucun », s’insurgeait hier un pharmacien du Val-de-Marne.

Quant aux 2 milliards de masques, enduits de substances périssables pour la plupart, et délivrés eux aussi gratuitement dans les pharmacies sur ordonnance, le même problème de péremption et de gestion des stocks ne va pas tarder à se poser.