mercredi 6 janvier 2010
Simple calcul d'un généraliste
Depuis le début de la vaccination en novembre 2009, j'estime que j'aurais pu sans difficulté vacciner chaque jour 10 personnes venues me consulter pour un autre problème médical (ex : renouvellement de traitements, mal au dos, petite traumatologie sportive etc). Et qui bien sûr, auraient désiré se faire vacciner.
Ces vaccinations auraient été réalisées à coût nul pour la société car comme chacun le sait une consultation pour une entorse ou un renouvellement de traitement antihypertenseur, avec ou sans vaccin est rémunérée 22 euros et pas un centime de plus. Tel est bien le cas pour la vaccination contre la grippe saisonnière réalisée chaque année : les gens que nous vaccinons viennent le plus souvent pour un autre problème et profitent de cela pour se faire piquer. Il y a 50 000 généralistes libéraux en France. A 10 vaccins (1 flacon complet) par jour, faites le compte : 500 000 vaccinés par jour gratuitement. Cinq millions tous les 10 jours gratuitement. Environ 30 millions en deux mois soit presque la moitié de la population française. Pour un surcoût nul (le coût des consultations qui ont de toutes façon eu lieu), ce qui n'est pas le cas des centres de vaccination qui en deux mois n'ont vacciné que 5 millions de Français. A ce coût de fonctionnement des centres, je pense qu'il va falloir ajouter celui des vaccins non utilisés.
Les Français vont ils continuer à se faire piquer alors même que l'épidémie reflue ? Qu'est ce qui nous prouve qu'il va y avoir une seconde vague ? A ce rythme : 5 millions en deux mois, il faudrait compter 26 mois, plus de deux ans, pour vacciner l'ensemble des Français. Par bonheur, la grippe H1N1 semble pour l'immense majorité des cas une maladie bénigne. Si au contraire nous avions eu affaire à un virus de type aviaire infiniment plus dangereux, l'incapacité du gouvernement à organiser une vaccination de masse efficace aurait conduit à une véritable catastrophe sanitaire. Telle est bien la leçon de cette vague de H1N1.
Seul un tout petit nombre de Français a été vacciné donc protégé en temps utile. Ce test grandeur nature de vaccination de masse face à une épidémie de survenue brutale est donc un échec cuisant. Mais sans doute fallait il le réaliser afin de juger de sa pertinence. J'espère que les autorités sanitaire françaises tireront la conclusion qui s'impose. Il est profondément regrétable de disposer de professionnels de santé libéraux, médecins et infirmières qui maillent le territoire, et de ne pas s'en servir.