mardi 8 janvier 2008

Panique en République Dominicaine

Grippe aviaire : Panique en République Dominicaine face à l’arrêt des importations haïtiennes
Pertes colossales enregistrées au marché binational de Dajabòn ; plus de la moitié des poulaillers dominicains menacés de disparition, selon des éleveurs qui réclament de Port-au-Prince la levée immédiate des mesures en vigueur

La décision des autorités haïtiennes de suspendre les importations de produits avicoles de la République Dominicaine, où un foyer de grippe aviaire a été découvert, est vécue comme une catastrophe sur le marché des poulets et des œufs en territoire voisin.

Selon l’agence espagnole EFE, des fonctionnaires du ministère de l’agriculture, des services d’immigration et des douanes accompagnés d’autres responsables et d’éleveurs ont tenu lundi une réunion dans la province frontalière dominicaine de Dajabòn afin d’affronter cette situation de crise.

Escolàstico Suero, porte-parole des éleveurs du nord du pays, a sollicité l’intervention du ministre de l’agriculture, Salvador Jiménez, en vue de trouver une solution urgente au problème. Il a fait savoir que si l’interdiction haïtienne n’est pas levée, 55% des poulaillers dominicains pourraient disparaître.

M. Suero estime que dans la seule province d’Espaillat (nord), les pertes financières entraînées par les mesures du ministère haïtien de l’agriculture se situent entre 30 et 40 millions de pesos (entre 895.000 et 1,1 million de dollars).

Le représentant des éleveurs dominicains souligne que tous les membres de ce secteur ignoraient que leurs produits étaient interdits d’exportation vers Haïti et ont été terriblement surpris en arrivant lundi au marché binational de Dajabòn avec des milliers de volailles et d’œufs destinés aux consommateurs haïtiens. Ces derniers présents en nombre imposant étaient dans l’impossibilité d’acheter les produits incriminés afin d’empêcher la propagation en Haïti du virus H5N2 de la grippe du poulet.

Les autorités de Dajabòn ayant à leur tête le gouverneur de la province, Arturo Socìas, ont annoncé avoir entrepris des négociations avec leurs homologues haïtiennes afin d’envisager la reprise des exportations arguant que la grippe aviaire ne représente aucun danger pour la santé humaine et que tout est "sous contrôle".

Pour sa part, le président de l’association des producteurs d’œufs de Dajabòn, César Estévez, interrogé par l’Associated Press, invite les autorités de son pays à adopter des "mesures urgentes" afin de porter le gouvernement haïtien à revenir sur sa décision. Il a estimé à 122.000 dollars américains les pertes enregistrées au cours de la journée de lundi.

Depuis la semaine dernière, le gouvernement dominicain a activé le système de vigilance épidémiologique après la détection du virus H5N2 à Higuey, dans la province de La Altagracia (est). Sa présence chez des coqs de combat importés illégalement a été confirmée le 20 décembre par les laboratoires du département de l’agriculture des Etats-Unis et notifiée à l’Organisation mondiale de la santé animale.

Les autorités de la république voisine tentent de repérer les personnes qui étaient en contact avec les coqs infectés alors que la zone où a été détecté le virus a été mise en quarantaine et 115 volailles abattues.

Face aux risques d’introduction en Haïti du virus H5N2 de la grippe aviaire -même si seul le H5N1 est transmissible à l’être humain- le ministère de l’agriculture a annoncé le week-end écoulé l’arrêt jusqu’à nouvel ordre des importations de tous les produits avicoles en provenance de la République Dominicaine qui fournit quotidiennement 1 million d’œufs au marché haïtien.

Les mêmes mesures restrictives ont été adoptées par Porto Rico et plusieurs pays d’Amérique Centrale.

Cependant, à Port-au-Prince on doute fort de la capacité des autorités à intercepter les œufs, poulets et oiseaux arrivant du territoire voisin à travers la frontière commune avec Haïti longue d’environ 400 kilomètres. spp/Radio Kiskeya