lundi 28 janvier 2008

En France : Exercice grippe aviaire sur la commune de Tourtrol


Régulièrement les services de l’Etat organisent des exercices «influenza aviaire» afin d’être prêts. Ainsi la direction départementale des services vétérinaires de l’Ariège vient d’organiser un exercice influenza aviaire grandeur nature en relation avec le service départemental d’incendie et de secours (SDIS), la gendarmerie et la direction départementale de l’équipement et de l’agriculture (DDEA) coordonné par la préfecture de l’Ariège.

C’est sur l’élevage de Patrick Falcou, qui compte près de 900 volailles (poulets et pintades) que s’est déroulé le scénario auquel ont assisté le préfet et les représentants des services concernés.

Au-delà de l’intervention sur un cas de contamination dans une exploitation avicole, cet exercice a permis d’apprécier les capacités de coordination et d’intervention des différents services de l’Etat sur tout type de crise sanitaire (fièvre aphteuse, peste porcine).

Selon le scénario initial, Patrick Falcou, éleveur à Jalabert (commune de Tourtrol) a observé dès lundi 21 janvier «de l’inappétence et de la prostration chez ses volailles.

Le lendemain environ 20% des volailles sont retrouvées mortes et 70% sont haletantes, avec une crête et des extrémités cyanosées»

Le vétérinaire sanitaire une fois sur le site de l’élevage informe la DDSV d’une suspicion légitime d’influenza Aviaire.
Des prélèvements sont réalisés envoyés à l’AFSSA-Ploufagran de St-Brieuc, alors que simultanément le plan d’urgence est activé sur le terrain et le comité opérationnel de défense est activé en préfecture.

Dès ce moment le matériel nécessaire pour effectuer la claustration de l’élevage et la mise en place des dispositifs de désinfection sur des entrées identifiées de l’exploitation sont installés, le confinement des volailles, le calfeutrement des bâtiments, la désinfection des véhicules sortant de l’exploitation sont réalisés (mise en place de rotoluve et protocole de désinfection du personnel)…

Le lendemain, mercredi 23 janvier les résultats d’analyse reçus confirment la suspicion et entraînent le déclenchement du plan d’urgence.

Activation du COD (comité opérationnel de défense), approbation d’un arrêté préfectoral de déclaration d’infection (APDI) entraînant la mise en place de zones de surveillance et de zones d’observation respectivement de 3km et 10 km.

Un contrôle aux points de blocage routier est mis en place (afin de limiter la gêne des usagers, seules trois communes seront testées parmi les 32 de la zone).

La sortie des exploitations des volailles et œufs à couver est interdite, l’enlèvement ou épandage de fientes, litières et fumiers de volailles sont également interdits (une information est réalisée auprès des éleveurs de la zone).

Les véhicules professionnels sont lavés au sortir des élevages et désinfectés.
Les oiseaux sont confinés et les éleveurs doivent porter une tenue spécifique lors des soins aux animaux et se désinfecter au sortir des élevages.

Rendez-vous point presse à 15h, après avoir franchi plusieurs barrages (gendarmerie et sapeurs-pompiers), devant l’élevage de M. Falcou. Les grilles sont fermées, un arrêté préfectoral en interdit. Les responsables de l’exercice nous y retrouvent.

«C’est un sujet sensible explique Jean-François Valette, préfet de l’Ariège, fortement médiatisé en 2006, un risque auquel il faut se préparer, étudier les retours d’expérience pour pouvoir améliorer la réactivité de chacun des intervenants le jour venu»

Le lieutenant colonel Marc Beaudroit nous indique que deux véhicules du SDIS et huit hommes sont engagés dans le périmètre suspecté.
«Cet exercice est réalisé sur deux jours mais dans la réalité il faut pouvoir tenir 21 jours avec des effectifs remplacés toutes les six heures et des engins supplémentaires»

Pour le lieutenant colonel Ramière, il faut tenir le zonage avec les points de contrôle (des véhicules sortants et entrants) et les forces de l’ordre ont une mission d’information dans le cadre de cet exercice.

Pierre Jabert directeur de la DDSV explique que les résultats ne sont pas immédiats, mais dès que la suspicion est confirmée, il faut prendre des mesures et l’ordre d’abattage de l’élevage.

«Les animaux sont anesthésiés puis asphyxiés, la paille est éliminée par brûlage… dans le déroulé du scénario, cette phase ultime est prévue pour demain jeudi»

Avant d’accéder à l’élevage confiné, les observateurs, responsables des services de l’Etat, le Préfet et la presse doivent revêtir sur-bottes, charlottes, gants, deux combinaisons, des lunettes et un masque… franchir plusieurs pédiluves et suivre au retour des règles de désinfection sous la houlette du docteur Marie Schaan, chef de service santé animale à la DDSV…

Un impressionnant déploiement de forces et de logistique nécessaires pour atteindre les objectifs de cet exercice grandeur nature, à savoir : tester la réactivité de tous les services impliqués dans une opération d’une telle envergure en temps réel.

Une synthèse de l’évaluation de cet exercice sera effectuée dans les semaines à venir.