jeudi 24 janvier 2008

BANGLADESH : Le virus mortel de la grippe aviaire, détecté dans 84 fermes avicoles



Photo: Shamsuddin Ahmed/IRIN
Le degré de sensibilisation à la grippe aviaire des éleveurs, des vendeurs et des consommateurs reste faible au Bangladesh

DHAKA, 24 janvier 2008 (IRIN) - L’influenza aviaire, ou grippe aviaire, continue de se propager au Bangladesh, dont 26 des 64 districts sont touchés par l’épidémie, ont indiqué les autorités sanitaires bangladaises.

Le 22 janvier, le service de l’élevage a confirmé la présence du virus H5N1 dans 84 fermes avicoles du pays.

À ce jour, plus de 315 000 têtes de volaille ont été abattues dans 109 fermes avicoles, tandis qu’aux quatre coins du pays, des équipes de vétérinaires s’activent pour examiner des milliers d’autres volatiles.

Aucun cas humain de la maladie n’a été signalé jusqu’ici.

Récemment, la grippe aviaire a semé la panique dans la ville de Barisal (Sud) après la confirmation de la présence du virus dans deux fermes de basse-cour de la ville – obligeant les autorités à créer un cordon sanitaire d’un rayon d’un kilomètre autour des deux fermes et à abattre près de 2 000 volatiles.

« Aucune nouvelle épidémie n’a été déclarée depuis le bouclage de la zone et l’abattage des poulets. Des oiseaux malades ont été signalés dans certains endroits, mais ils ne seraient pas atteints de la grippe aviaire », a expliqué Mohammed Jainouddine Mollah, le responsable de l’élevage dans le district.

Néanmoins, les craintes de voir cette maladie contagieuse se propager subsistent, et les travailleurs ayant participé à l’abattage des bêtes sont soumis à un suivi attentif.

« Pour l’instant, nous fournissons des médicaments aux agents ayant participé à l’abattage », a affirmé M. Mollah, soulignant le manque cruel de ressources.

« Il y a 1 212 fermes commerciales dans le district et nous n’avons pas assez de vêtements de protection pour les 110 agents de terrain du district qui entrent en contact direct avec les oiseaux malades », a-t-il déploré. « Les oiseaux infectés doivent être manipulés avec une extrême précaution », a-t-il ajouté.

Tout cas d’infection humaine par le virus H5N1 augmenterait les risques de mutation du virus, ce qui pourrait constituer une grave menace pour l’homme, a fait remarquer M. Mollah.

Absence de sensibilisation

Pour M. Mollah, très conscient des problèmes à venir, le plus inquiétant reste le faible degré de sensibilisation des communautés locales.

« Nous conseillons aux gens de séparer les oiseaux malades des oiseaux sains ; d’enfouir les déjections des poulets dans des fosses couvertes ; d’abattre et d’enterrer les oiseaux malades », a-t-il dit. « Nous leur recommandons également de laver les œufs avec du détergent et de bien faire cuire les œufs et la viande avant de les consommer ».


Photo: Shamsuddin Ahmed/IRIN
Au marché auxpoulets de Dhaka, les hommes et les volatiles passent des heures dans le même endroit
Se laver soigneusement les mains est également une précaution sanitaire très importante pour prévenir la contamination par le virus, a ajouté M. Mollah, citant les efforts déployés par certaines organisations non-gouvernementales (ONG) internationales comme BRAC (Bangladesh Rural Advancement Committee) et Save the Children pour élever le niveau de sensibilisation de la population.


Mais malgré ces efforts, et notamment les réunions et les ateliers organisés avec les communautés rurales sur les facteurs de risque évidents, le niveau de sensibilisation reste « très faible », a-t-il reconnu.

Dans le village de Naya Para, à Kahalu, sous-district de Bogra, dans le nord du Bangladesh, Mahfouza Begum, 42 ans, a perdu ses 62 poulets au cours des trois dernières semaines, et ignore la cause de leur décès.

« Je n’ai signalé la maladie à personne. Personne ne m’a demandé de le faire », a-t-elle fait remarquer. « Certaines poules sont mortes alors qu’elles couvaient leurs œufs. Elles mouraient assises sur les œufs », a-elle ajouté en sanglotant.

Epidémie dans le Bengale Occidental

Parallèlement, la nouvelle d’une importante propagation du virus dans le Bengale Occidental, de l’autre côte de la frontière, en Inde, a suscité des inquiétudes chez les éleveurs de poulets, d’autant plus que 17 des 26 districts bangladais touchés par l’épidémie de grippe aviaire sont limitrophes de cet Etat indien.

Avec plus de 150 millions d’habitants, le Bangladesh partage 4 000 kilomètres de frontière avec l’Inde, dont une bonne partie avec le Bengale Occidental, où la contrebande de poulets et d’œufs à destination d’un Bangladesh en manque de protéines serait permanente.


Photo: Shamsuddin Ahmed/IRIN
Enfouissement de poulets abattus dans une ferme avicole de l'Etat
« Les poulets et les œufs qui viennent du Bengale Occidental sont bon marché. Personne ne peut boucler la frontière. Nous sommes en grand danger », a prévenu Haji Hashim Ali, qui vend des poulets en gros au bazar de Karwan, à Dhaka.


Néanmoins, à en croire un porte-parole de la Bangladesh Rifles, une force paramilitaire chargée de la surveillance des frontières du pays, des restrictions strictes ont été imposées sur les mouvements transfrontaliers des volailles et des œufs, et sont rigoureusement appliquées à l’heure actuelle.

L’Etat indien du Bengale Occidental éprouve actuellement quelques difficultés à faire face à sa propre épidémie de grippe aviaire, considérée comme la troisième et la plus grave épidémie que l’Inde ait connue depuis 2006. Cette épidémie touche à présent 11 des 19 districts du Bengale Occidental, et a entraîné l’abattage de plus de 50 000 oiseaux.

Les autorités du Bengale Occidental ont annoncé le 22 janvier qu’elles commenceraient à abattre deux millions de poulets cette semaine.

Et pour ajouter aux craintes de la population, des vautours et autres oiseaux migrateurs seraient tombés morts du ciel, selon des sources de la presse locale.

Dans un communiqué du 17 janvier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait savoir que l’Inde était confrontée à une épidémie plus sérieuse qu’on ne l’imaginait – sous-entendant que l’épidémie de grippe aviaire pourrait être l’une des pires jamais observées – et que cette épidémie pouvait être plus grave que les précédentes.

Selon l’OMS, depuis 2003, la grippe aviaire a fait plus de 200 morts dans 12 pays, des pays d’Asie en grande majorité.