vendredi 12 février 2010

Que se passera t-il à la prochaine alerte sanitaire ?

La grippe A (H1N1) a tué à 291 reprises en France depuis l’apparition du virus au Texas au printemps 2009. L’épidémie s’essoufflant en France comme dans le monde, elle a quitté la Une des médias il y a déjà quelques semaines. Mais si la grippe A (H1N1) n’est plus une cause d’inquiétude immédiate pour les praticiens, elle n’en demeure pas moins un sujet de préoccupation médicale pour l’avenir et est devenue au fil des événements l’objet de polémiques où le politique le dispute au scientifique. Après quelques mois d’angoisse, au cours desquels planait la menace d’une nouvelle grippe espagnole, quelques semaines où se mélangeaient indistinctement la peur irraisonnée des vaccins et la crainte de ne pouvoir se faire vacciner à temps, c’est maintenant du débat sur la gestion de l’épidémie et de la campagne de vaccination par les autorités sanitaires.

Cette pandémie s’est comportée et se comporte comme un révélateur. Révélateur de peurs ancestrales enfouies dans l’inconscient collectif. Mais aussi de la défiance des populations (et parfois des professionnels de santé) vis-à-vis du système de santé dans son ensemble, puisque, alors que pour la première fois dans l’histoire un vaccin et un plan de lutte étaient mis au point avant même qu’une épidémie ne se propage, loin de saluer cet exploit, les commentateurs se focalisent aujourd’hui sur l’écume des événements en insistant sur les erreurs de communication ou d’organisation qui ont pu être commises ici et là. Défiance, pour ne pas dire plus, vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique qui a produit en urgence ces vaccins à la demande de l’OMS et des gouvernements et contre laquelle pèse maintenant le soupçon d’avoir influencé les décisions des autorités sanitaires internationales et nationales.

De cette méfiance, qui ne nous le cachons pas, touche tous les acteurs du système de santé, des praticiens au ministre en passant par les industriels du médicament, il va falloir nous délivrer. Car il ne faut pas que lors de la prochaine alerte sanitaire qui ne manquera pas de survenir, les professionnels de santé et les populations désabusés, se comportent comme dans la fable en se demandant si l’on ne crie pas (encore) au loup.

Dr Gilles Haroche