samedi 28 août 2010

Narcolepsie : une enquête européenne sur le vaccin anti-H1N1



Le Docteur Carmen Kreft-Jaïs, responsable pharmacovigilance de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), relativise l'importance des cas de narcolepsie liés au vaccin contre la grippe A.

Pourquoi évoquer un possible lien entre vaccin contre la grippe A et narcolepsie alors que le taux d'incidence de cette affection neurologique n'a pour le moment rien d'alarmant ?

Vous avez raison, avec six cas pour six millions de personnes vaccinées en France, le taux d'incidence n'est pas anormal. Cependant, il faut affiner, voir si de nouveaux cas apparaissent et établir des comparaisons avec les années précédentes. Il y a un signal plutôt inhabituel: généralement les nouveaux cas de narcolepsies ne nous sont pas communiqués. Contrairement à ce qui s'est passé en Suède la semaine dernière où l'apparition de ces cas a suscité un énorme intérêt médiatique. L'Agence européenne des médicaments (EMA) a annoncé vendredi 27août avoir ouvert, à la demande de la Commission européenne, une enquête sur le vaccin Pandemrix contre la grippe H1N1, soupçonné d'avoir provoqué des crises de narcolepsie en Finlande et en Suède.

Pourquoi ne nous parle-t-on que de la Suède, de la Finlande et de la France ? A-t-on des chiffres pour les autres pays ?

La Suède et la Finlande sont des pays où la couverture vaccinale est particulièrement élevée. Ils sont sans doute plus attentifs aux éventuels effets secondaires du vaccin. En France, la pharmacovigilance joue un rôle très important. S'agissant du nombre de cas ou d'autres pays touchés, nous ne disposons pas de statistiques supplémentaires, nous n'avons aucun chiffre exact. Nous attendons l'évaluation scientifique de l'Agence médicale européenne (EMA).

Dans ce cas, pourquoi risquer de créer une nouvelle psychose dans la population et ne pas attendre les conclusions de l'EMA ?

Le problème est, hélas, compliqué : si nous ne communiquons pas, nous sommes taxés de volonté de cacher l'information. A l'inverse, en rendant public cette inquiétude, on nous fait le reproche d'être trop alarmistes. Nous avons préféré jouer la carte de la transparence.
Par Kévin Le Louargant, dans l'Express