vendredi 21 novembre 2008

Google et une épidémie de grippe ... ou de grippe aviaire

Pour détecter le plus vite possible une épidémie de grippe, utilisons Google ! Cette annonce n'a rien d'une publicité du géant de l'Internet. C'est un article publié on line aujourd'hui par la revue scientifique Nature qui l'affirme.

L'article, soumis dès l'été dernier, relate la recherche minutieuse d'une équipe de chercheurs... de l'entreprise Google, mais avec la participation d'une scientifique du Center for Disease Control (l'organisme public US chargé de détecter les épidémies et les maladies émergentes).

Cette équipe a validé avec précision la capacité d'un logiciel à détecter la survenue d'une épidémie en utilisant des statistiques spatio-temporelles sur la fréquence des mots clés liés à la grippe introduits dans le moteur de recherche Google par les internautes. En comparant ces données avec celles du CDC des visites médicales pour cause de grippe à plusieurs échelles, dont l'Etat de l'Utah , durant l'hiver 2007/2008, ils ont démontré l'étroite corrélation statistique entre les deux activités. En résumé, on va voir le toubib et, simultanément, on tape des mots relatifs à la grippe sur Google.

L'intérêt de cette méthode est tout sauf anecdotique.
D'abord, la grippe, c'est entre 250 000 et un demi million de morts par an.
Ensuite, la capacité à détecterGrippe_carte_du_reseau_sentinelle une épidémie de grippe à son tout début renforce l'efficacité de l'action des médecins. C'est pourquoi il existe des systèmes de surveillance des épidémies. Comme le réseau sentinelle de l'Inserm, Université Pierre et Marie Curie, Institut de veille sanitaire, relié au réseau de l'Organisation mondiale de la santé.

Enfin, le risque d'une pandémie due à une mutation d'un virus provenant d'animaux (grippe aviaire par exemple) et ensuite transmissible d'homme à homme, et susceptible de provoquer une crise sanitaire de grande ampleur, comme lors de l'épidémie de grippe espagnole de 1918 qui fit des millions de morts, mérite que l'on puisse la détecter le plus précocement possible.

Le système proposé par l'article de Nature fait suite à d'autres propositions, mais il semble plus abouti. Il permettrait de détecter pratiquement au jour le jour l'explosion épidémique. Alors que les réseaux médicaux la détectent avec un retard d'environ une semaine. En revanche, soulignent les auteurs de l'article, il ne s'agit en aucun cas de les remplacer, car ils apportent des informations complémentaires (âges des patients par exemple) indispensables à l'analyse et à l'action.

Google a sans attendre mis ce logiciel en action sous le nom de Google Flu Trends pour les Etats-Unis et ses résultats sont librement consultable sur internet. Chacun peut ainsi suivre, au jour le jour, l'arrivée et l'évolution d'une épidémie de grippe dans sa ville et adapter son comportement en conséquence.