dimanche 30 août 2009

A Nouméa, malgré la grippe A (H1N1) c'est la vie comme avant

Avant-hier matin, à Nouméa, vers 9 heures (vendredi à minuit en France), l'agitation habituelle du samedi régnait sur la place des Cocotiers, dans le centre-ville. Les mamans kanakes, en robe de missionnaires colorées discutaient tranquillement, assises à l'ombre des bagnans, sur la pelouse. Virevoltant sur les dalles de marbre, des jeunes s'entraînaient à la danse hip-hop, sous l'œil de quelques touristes. Profitant du soleil et des températures agréables, les couples promenaient leur progéniture, arpentant lentement les allées de la place. Dans les rues commerçantes, à deux pas de là, les habitants faisaient du shopping, comme à l'accoutumée. « La grippe A ? Ils font du bruit avec ça, mais on est habitués maintenant, cela ne me fait pas peur », assure Marie-Aimée, mère au foyer, qui n'aurait reporté ses courses pour rien au monde. « C'est une petite grippe de saison, balaie René, un Kanak. Tout le monde nous a gonflés avec ça, mais ce n'est pas méchant, je connais des personnes qui l'ont eue. » Ludo, ingénieur informatique de 34 ans, partage cet avis : « Toute ma famille l'a eue pendant que j'étais en vacances. Ils m'ont dit que ce n'était rien de plus qu'une grippe : 4 jours au lit et puis c'est tout. »

Pas d'inquiétude non plus chez les commerçants. « Personne n'a été malade chez nous », explique une vendeuse du « Fournil gourmand », boulangerie prisée du centre. « On voit plusieurs centaines de personnes par jour, et depuis le début de l'épidémie, je n'ai vu que deux personnes portant un masque », reprend-t-elle.

Dans un grand magasin, sur la zone industrielle de Ducos, le poumon économique de la ville, pas un salarié n'a été touché. « Je ne pense pas que la grippe ait eu une incidence sur le commerce, contrairement aux mouvements sociaux [la grève générale du syndicat USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités) suite au conflit à la compagnie Air Calédonie qui s'est terminée le 7 août] », avance le gérant. Pour certains, il y a bien eu une période de psychose. « C'était ma hantise au début, confie Jennifer, dans un magasin d'accessoires pour bébés. Je ne pouvais pas me permettre d'être malade : risquer de contaminer des nourrissons n'était pas imaginable, pas plus que de porter un masque, ce qui aurait fait fuir les clientes. » L'épidémie n'est pas terminée, mais les Calédoniens savent à quoi s'en tenir, et continuent à vivre normalement.